Histoire de notre « Petit Concorde » …

  • En me rendant au Mali dans les années 2003, et suivantes, je dus louer les services d’un chauffeur avec son 4×4 pour me rendre dans les endroits de nos rares villages affiliés de l’époque. Et cela coûtait environ 150 €  de  l’époque .. pour la journée .. sans le carburant …  Tous comptes faits, mieux valait acquérir un 4×4 pour Tapama-Mali. 
  • Ce que je fis, à mes frais, via le garage Dessoude de Saint LO, spécialisé (avec un bâtiment exceptionnel pour cela), en préparation des véhicules pour le Paris-Dakar. Ce fut donc un super Nissan-Navara que l’on nous prépara, pour une somme raisonnable ( Daniel, le chef d’atelier adorait notre projet humanitaire). C’est 4×4  double cabine, avec arrière couvert, et galerie en aluminium sur la cabine, .. etc ..
  • Daniel  nous proposa la totale en sécurité et matériels divers, parfaitement équipé de plein d’objets très utiles en diverses circonstances que j’ignorais mais qu’ils pratiquaient régulièrement en réparant les 4×4 de Nissan pendant la course du Dakar , ne serait-ce  qu’une plaque alu protégeant le moteur par dessous celui-ci ..en aluminium … de 10 mm d’épaisseur … »sinon elles ne supportent pas les chocs avec gros cailloux » …  et tout un équipement pour le désert ( plaques de désensablement ), et un frigo alimenté sur la batterie ( spécial laboratoire de 120 litres ), chargeur de pneus sur la batterie, .. .etc ..   un vrai bijou …
  • Ainsi fut fait …
  • Notre Nissan Navara près de la tombe de mademoiselle Tapama, à Djenné.
 

  • Notre Nissan Navara dit  « petit concorde »  …
  • Je fis un premier voyage  « Mont Saint Michel – Bamako », en 10 journées, avec une équipe « genre bricoleurs aventuriers » de Saint Hilaire du Harcouêt qui se rendait aussi au Mali pour y vendre leurs petits camions à peine révisés, afin de payer le voyage retour par avion. J’appris donc le parcours, les points de repos à garder, ceux à éviter, etc .. une  découverte totale . Comme chaque année, je partais d’Avranches début octobre, pour espérer rentrer en mars suivant, mais par avion; cette fois, c’est par la route.
  • Des amis français; Lin  et Roland,  me réjoignèrent à Bamako par avion en février, et nous remontions à trois sur la France par le parcours inverse. Mais nous décidâmes qu’il était inutile que le compteur de notre Nissan ne marque que des kilomètres effectués entre Mont Saint Michel et Bamako : il fallait donc retourner par la route à Bamako, et y laisser définitivement notre Nissan sur les rives du Niger, où ses kilomètres ne seraient que des kilomètres de nos missions réelles au Mali. Ainsi fut fait.
  • En 2007, je repars  plus exactement de la baie du Mt St Michel, donc de mon domicile, pour rejoindre l’association de Vendée de l’ami  Hubert qui s’est lancée dans un projet fou. Hubert est handicapé, et ne se déplace qu’avec des béquilles. Avec ses amis de l’association DEFI de La Roche-sur-Yon, ils veulent approvisionner un centre pour handicapés de Ouarzazate au Sud du Maroc à l’aide d’un camion énorme rempli de différents matériels, qui devra donc passer les cols de l’Atlas marocain, à 2200 m d’altitude. Particularité et originalité de Hubert : le projet est préparé par des handicapés mentaux, qui constitueront l’équipe accompagnant le camion et le véhicule pilote de Hubert, président de l’association.
  •  Quatre camping-car sont affrétés, je nomme ce genre de véhicule un « escargot »,  à raison d’un animateur spécialisé et donc chauffeur par véhicule, avec ses 2 passagers handicapés. Le cinquième camping-car est conduit par un ami de Hubert, travaillant dans une entreprise qui fournit des restaurants d’entreprise, qui conduit le véhicule pilote dans lequel Hubert prend place.
  • Tout se passe admirablement. on traverse l’Espagne. Bateau pour le Maroc.
  • Personnellement, je roule seul, parfois rejoint par Hubert pour discuter en cours de route, dans le 4×4 Nissan de  Tapama, aux couleurs de Tapama-Mali,  le blanc et le orange.
  • Ouarzazate est à peu près à  2/5 ème  du Mt St Michel à  Bamako. Et je n’ai pas envie de voyager seul de Ouarzazate à Bamako. Car Hubert et son équipe, après avoir déchargé le camion, remonteront sur la  France ; et je devrai poursuivre jusqu’à Bamako. J’ai demandé à mon ami Amadou Seydou TALL, SéGal de  Tapama-Mali, de me rejoindre à Casablanca par avion. Je fais donc un détour pour le récupérer le jour J, et nous rejoignons le convoi de Hubert avec son camion et ses 5 escargots.
  • La montée du col principal donnera lieu à des images intéressantes, avec des virages qui soucient Tall qui ne veut pas conduire dans des lacets étroits, et parfois au bord du précipice. D’autant que je veux faire des images du convoi dans la montagne. Je dois donc doubler tout le convoi pour être devant eux, puis les filmer au passage devant nous. Ces dépassements sont parfois risqués, et TALL commence à avoir peur. Mais tout se passe bien, aucun incident. On rit beaucoup ..
  • On arrive à Ouarzazate comme prévu. Hubert est accueilli. Nous saluons nos amis, et prenons la route pour Bamako. Je conduis, mais Tall prend aussi le volant quand les routes sont bonnes, donc après l’Atlas, à partir de Agadir.
  • Il me semble que c’est entre Nouadhibou et Nouakchott que l’ami  TALL, conduisant le Nissan, se prend à adorer sa conduite exceptionnelle, en particulier le son du véhicule quand il est à 110-120 km/h sur des routes droites pendant des kilomètres.
    • « Jacquy .. le Nissan .. on dirait un  « petit Concorde »  …  tellement il ronronne bien avec un très joli bruit ..  à 120 km/h .. » 

Et voilà notre véhicule baptisé : ce nom lui restera jusqu’à ce jour.

  • Nous traversons la Mauritanie sans encombre, et, arrivés à Nouakchott, au lieu de prendre la route de l’Espoir vers  Ayoun-el-Atrous, Tall m’informe que nous rentrons dans Nouakchott. Surprise : sa famille nous y attend. Elle est adorable, et nous reçoit au mieux, avec d’excellents plats typiques.
  • Je retiens de Nouakchott, que dans un rond point, des voitures peuvent tourner dans le sens giratoire classique, mais d’autres roulent en sens inverse .. la vraie pagaille dès que la circulation prend de l’ampleur .. attention aux accidents fréquents… Nous passons 24 heures chez les amis, et reprenons le parcours prévu.
  • Le long de la route, je suis surpris de voir des gens plutôt tristes, habillés de gris très souvent, très peu de jeunes … à l’inverse, à peine la frontière passée, et entrés au Mali, c’est l’animation et des couleurs partout, des jeunes filles aux tissus multicolores sur des motos, à 2 ou 3 par véhicule .. quel changement .. !!..
  • Arrivés à Ayoun-El-Atrous, il reste quelques kilomètres pour le poste frontière de Gogui, qui est vide, puisque toutes les administrations sont à Nioro-du-Sahel. Tall s’occupe des formalités. Il connait le commissaire de police, le patron de la Douane, et les responsables de Énergie Du Mali (EDM), entreprise Tall travaille quand il n’est pas en vacances …Tout se passe à merveille, et nous roulons sur Bamako. Tout est désormais goudronné, excepté un court tronçon encore en travaux.

En arrivant à Bamako …STOP : police …

  • «  bonjour monsieur … S’il te plait :  donne nous un cadeau .. !.. »
  • Je ne comprends pas … les policiers nous demandent des cadeaux de « orange », la société de téléphonie qui commence ces activités avec plein de publicité partout, juste le jour de notre arrivée, qui a absorbé et remplacé Ikatel. Il y a des panneaux publicitaires pour  « Orange »  partout … et notre véhicule, «couleur Orange », est pris pour un véhicule publicitaire de la société de  Télécommunications qui, en France, se substitue à France-Télécom.
  • Nous serons ainsi arrêtés des dizaines de fois pendant les semaines suivantes .. puis la maladie leur passera .. donnant souvent lieu à des plaisanteries avec les policiers qui, au Mali, sont tous adorables, et présents pour vous aider d’abord, pas pour vous sanctionner … il y même un policier très célèbre, grand expert pour vider en 15 minutes un carrefour embouteillé au maximum, toujours avec des gants blancs, d’où son surnom de Mr Gant Blanc, fut décoré de l’ Ordre National du Mérite, avant sa retraite : il n’a jamais mis de  PV à qui que ce soit .. »il n’était pas là pour ça » …
  • Voilà le petit récit d’un voyage de 12 jours pour venir du Mt St Michel à Bamako en passant par Ouarzazate, donc en traversant l’Atlas .. magnifique .. et Nouakchott, véritable bazar horizontal ..
  • « Petit Concorde »  est arrivé à Bamako, et ne quittera plus le Mali …
  • en 2023, son compteur doit marquer environ 90 000 km .. il est donc loin d’être usé …
  • Nota : la route de l’ Espoir ( nom donné à la route qui va de Nouakchott à Ayoun-El-Atrous ) est cette même route qu’empruntent de très nombreux ouest-européens venant vers le Mali, le Burkina, ou le Niger, notamment pour se rendre dans les villages qu’ils aident selon leur association. C’est sur cette route qu’en 2009 et 2010 seront perpétrés des crimes  et enlèvements de AQMI  pour rançonner les blancs ainsi pris au piège. Plusieurs français perdirent la vie sur cette route … elle est redevenue très calme, comme avant …