Il a donc décidé de se rendre en Norvège à vélo. Ayant déjà participé à des randonnées sur une semaine, ce voyage sera une expérience hors du commun. Le 14 septembre, il est parti d’Avranches, sa ville natale, en Normandie.« J’ai d’abord pédalé jusqu’en Belgique en longeant la côte nord de la France, puis aux Pays-Bas, en Allemagne et au Danemark. Pour rejoindre la Norvège depuis le Danemark, j’ai choisi de passer par la Suède et donc pédaler au lieu de couper par la mer, car je souhaitais rencontrer un couple de menuisier, dont je suivais le profil Instagram depuis quelques temps. C’était à Ödeshög, une ville du comté d’Östergötland. J’y suis resté trois jours afin de découvrir l’utilisation d’un tour à bois manuel à pédale. Cet outil permet de réaliser des tasses avec une poignée dans une masse alors qu’un tour électrique ne permettrait pas de créer cette poignée dans la même pièce de bois. Cela offre des possibilités nouvelles de création, d’autant plus respectueuse de l’environnement. », dit-il.
Vers la Norvège
Depuis Ödeshög, le voyage s’est poursuivi jusqu’à Göteborg puis jusqu’à la frontière norvégienne. « De Göteborg, j’ai longé la côte jusqu’à Oslo et franchi la frontière le 25 novembre. C’était un objectif intermédiaire pour moi, car mon principal but était de découvrir ce pays qui me fascine tant dans son ensemble. », explique-t-il. A son arrivée à Oslo, il rejoint des amis français qui sont venus lui rendre visite. « C’était extrêmement agréable et cela m’a donné une nouvelle énergie pour continuer le voyage plus à l’ouest. », dit-il.
Etape difficile
Même si c’était l’hiver, cela n’a pas empêché Guénaël de se lancer dans ce qu’il décrit lui-même comme l’étape la plus difficile à ce jour. « Traverser les montagnes entre Oslo et Bergen est probablement la chose la plus difficile que j’ai jamais faite à vélo, et je ne revivrai peut-être jamais cela. Mais c’était vraiment agréable de venir dans le Vestlandet et de découvrir la nature et les gens d’ici », dit-il.
Vers les Lofoten via l’ouest de la Norvège
A Byrkjelo, il a croisé le chemin de Vegar Sarheim, le président du Norsk Countrytreff, un grand festival country qui existe depuis 1995. Il met à son tour Guénaël en contact avec Thomas Wearne Foleide, gérant de la société Nordfjord Aktiv, offrant des prestations de efoiling (planche de surf munie d’un foil permettant de voler au-dessus de l’eau). « J’ai été formé à l’utilisation des planches et commence à maitriser. J’y suis resté et ai fêté Noël et le Nouvel An avec Thomas et sa famille. Pendant mon séjour à Nordfjordeid, j’ai eu la chance de voir des aurores boréales pour la première fois, expérience extraordinaire pour moi. C’est également à cet endroit que j’ai fait la rencontre de Preben Moen, manager du restaurant Brygga à A avec son frère Dag Hakon. Il m’a proposé un emploi de serveur pour la saison d’hiver. Je voulais vraiment me challenger en essayant un nouveau métier. Il m’a alors conduit aux Lofoten avec son camping-car dans lequel j’ai pu charger mon vélo et tous mes bagages. », dit-il.
Narvik
En avril, Guénaël décide de poursuivre son périple à vélo. « Cette fois, je me suis dirigé vers Narvik en traversant l’ensemble des Iles Lofoten. Je n’y ai passé que 3 jours. L’objectif était simplement de skier, snowboarder et m’amuser. J’étais logé dans une auberge gérée par une église. Je partageais un dortoir où j’ai pu rencontrer des personnes de nationalité différente. », dit-il.
Mauvais temps et personnes sympathiques
Depuis Narvik, le voyage s’est à nouveau orienté vers le sud, mais de nouveau une expérience difficile. « Cette fois c’était difficile car le temps était vraiment mauvais. Le premier jour, j’ai parcouru cinquante km à vélo. Puis un bus est arrivé derrière mois et s’est garé sur le côté de la route. Le conducteur m’a proposé de charger mon vélo dans la soute afin de me conduire gratuitement jusqu’au terminus. Il a réussi à négocier avec son collègue pour que je ne paye pas le second bus me conduisant à Bodo. Je trouve les gens du nord de la Norvège si généreux ! », dit-il.
Vestlandet encore
Le 8 avril, il était de retour aux Lofoten, mais seulement pour une semaine afin de visiter et passer du bon temps avec ses amis. « J’avais prévu de retourner à Nordfjordeid, j’ai donc pris le train de Bodo à Trondheim puis pédalé jusqu’à l’objectif. Cette ville accueille le musée Sagastad, centre de connaissances qui transmet l’histoire viking dans la région du Nordfjord. Il abrite la réplique du navire Myklebust, plus grande jamais réalisée au monde. Le 23 avril, son lancement annuel a eu lieu, suivi d’une semaine de raids, marchés et activités autour de la culture viking. J’ai eu l’immense honneur de participer à un raid en ramant aux côtés de 47 autres membres d’équipage. C’était une expérience fantastique pour moi qui ai du sang viking dans les veines. », dit-il en souriant. A Nordfjordeid, ses parents lui ont également rendu visite. « C’était un grand moment pour moi, car je ne les avais pas vus depuis sept mois. C’était la plus longue période d’absence tant temporelle que géographique. »
De retour aux Lofoten
Après une pause de trois semaines pour l’entretien du vélo, il a de nouveau jeté son dévolu sur les Lofoten. « J’ai fait le voyage en 14 étapes. Je me suis accordé des pauses à Ålesund, Trondheim et Vega. Je suis arrivé aux Lofoten il y a deux jours le 2 juin. Je compte trouver un emploi saisonnier pour mettre de l’argent de côté. Ensuite mon objectif est de pédaler jusqu’au Cap Nord », explique-t-il. L’idée cette fois-ci est d’apporter le moins possible et de voir si je peux collecter ce dont j’ai besoin sur ma route. »
Un voyage intérieur
Pour Guénaël, ce voyage a été bien plus qu’une simple balade à vélo. C’était aussi un voyage intérieur qui lui a permis d’apprendre beaucoup sur lui-même. « D’abord et avant tout, j’ai appris qu’on peut être heureux en possédant très peu de matériel. Mais aussi qu’il existe un nombre incroyable de personnes bienveillantes. Quand on voyage comme moi en solo, c’est toujours agréable de rencontrer des personnes et faire connaissance. L’autre jour, j’ai croisé le chemin de cinq voyageurs à vélo canadiens lors d’une randonnée sur l’archipel Vega. On a finalement partagé une étape, ce fut un moment très agréable. Mais à vélo je préfère avancer seul et à mon rythme. », dit-il.
Mali
Guénaël explique que son périple à vélo a également une autre signification.
« Je pédale aussi pour l’ONG Tapama. Il s’agit d’une association humanitaire avranchinaise qui collecte des fournitures scolaires et du matériel médical afin de les envoyer par conteneurs au Mali, en Afrique. Le président de l’association, Jacquy Prudor, a créé une cagnotte Hello-Asso dont le lien est mentionné sur ma bio Instagram ainsi que sur le site internet de l’ONG, permettant ainsi de recevoir des dons pendant le voyage.
De bonnes aides
Il présente une application qu’il utilise beaucoup. « Il existe une application appelée Warmshowers. Elle permet de mettre en lien les personnes offrant un hébergement ou bout de terrain pour planter la tente gratuitement ainsi que les voyageurs. Ces personnes autorisent souvent l’accès à leur douche. Cela a très bien fonctionné au Danemark et en Suède. J’ai aussi eu l’occasion de manger dans des boulangeries ou cafés en fin de journée lorsque le prix de la nourriture se négocie. Des aliments qui autrement finissent à la poubelle. Je me sens tellement privilégié de pouvoir vivre tout cela ! », déclare Guénaël.
Quelques faits sur la Normandie
La Normandie fut fondée par les vikings qui envahirent et colonisèrent la région aux Xe et XIe siècles. Le plus célèbre s’appelait Rollon, premier duc de Normandie après avoir conclu un traité avec le roi de France en 111. Ce traité donna aux vikings le contrôle de la région sur une zone de l’actuelle Normandie. Ils pouvaient alors développer leur culture et mêler leur influence à celle des Francs.
Photo devant l’hôtel de ville de Bruxelles :
Il a vu de nombreux bâtiments emblématiques au cours de son voyage, ici devant l’hôtel de ville de Bruxelles.
Photo sur la moto-neige :
A Nordfjordeid, il a vu les aurores boréales pour la première fois de sa vie.
Photo sur le efoil :
A Nordfjordeid, il a appris à manier le efoil, une planche de surf munie d’un foil et d’une hélice motorisée, contrôlée par télécommande.